Fleur Pellerin attachée à une place importante pour la musique dans le COM de France Télévisions

La Ministre de la Culture et de la Communication s’est déclarée attachée à ce qu’une place importante soit réservée à la musique dans le prochain contrat d’objectifs et de moyens de France Télévision.

Lors du débat ce mercredi à l’Assemblée Nationale  sur le rapport d’information relatif au contrat d’objectifs et de moyens de France Télévisions, la députée du Doubs, Annie Genevard, a interrogé Fleur Pellerin sur la place de la musique sur les chaînes du service public. Dans sa réponse, La Ministre a affirmé qu’elle partageait le diagnostic posé, et veillerait à ce qu’une place importante soit réservée à la musique et  aux autres arts du spectacle vivant dans le prochain COM de France TV, à des heures de grande écoute.

Compte rendu intégral de la première séance du mercredi 25 mars 2015 à l’Assemblée Nationale

Débat sur le rapport d’information relatif au contrat d’objectifs et de moyens de France Télévisions

(…)

Mme Annie Genevard. Madame la ministre, je souhaite évoquer la place de la musique sur les chaînes du service public.

Chacun sait combien il est important pour un artiste, surtout au début de sa carrière, de pouvoir être exposé à la télévision. Même à l’heure du numérique, la télévision reste, après la radio, le média le plus « prescripteur » pour ce qui est de la découverte de nouveaux artistes.

À ce titre, l’article 4 du cahier des charges de France Télévisions impose au groupe public de diffuser « au moins un programme culturel chaque jour en première partie de soirée » et précise que les émissions musicales entrent dans le champ de l’émission culturelle quotidienne. Cette obligation a d’ailleurs été renforcée dans le cadre de l’avenant au contrat d’objectifs et de moyens pour la période 2013-2015.

L’article 5, quant à lui, prévoit que « France Télévisions diffuse régulièrement des émissions à caractère musical » et que « le contenu de ces émissions doit permettre de faire connaître aux téléspectateurs les diverses formes de musique, de rendre compte de l’actualité musicale et de promouvoir les nouveaux talents ».

Dans les faits, l’exposition de la musique sur ces antennes, notamment en ce qui concerne les prestations dites scéniques comme le live musical, n’a que peu de place. Le constat est sans appel : selon les chiffres publiés par Yacast, la musique n’a représenté en 2014 que 2,3 % du temps d’antenne sur France 2, 4,1 % sur France 3 et 3,3 % sur France 4. La situation est encore pire aux heures de grande écoute, en prime time, où l’on passe sous la barre des 1 %.

Pourtant, ces programmes ont un public, hélas trop peu nombreux, qui répond présent à chaque rendez-vous. J’en veux pour preuve le franc succès du programme « Musiques en fête » diffusé sur France 3 le 20 juin dernier.

Le bilan est donc amer pour le monde musical, qui déplore le manque d’ambition de France Télévisions en la matière. Le constat n’est guère meilleur sur les chaînes dites musicales des groupes privés, qui relèguent finalement la musique à des heures de faible écoute.

La musique est devenue le parent pauvre du paysage audiovisuel français, alors que tout citoyen est en droit d’exiger davantage de musique sur les antennes de France Télévisions.

Madame la ministre, ma question est simple : profiterez-vous de la négociation du prochain contrat d’objectifs et de moyens et du prochain cahier des charges pour mettre davantage en valeur les talents de notre scène musicale ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre.

Mme Fleur Pellerinministre. Madame la députée, je partage totalement votre point de vue et votre diagnostic sur le fait que l’exposition à la télévision, et à la radio, est très utile pour faire émerger et découvrir de nouveaux talents. Je sais à quel point la diffusion de musique à des heures de grande écoute a un rôle prescripteur pour beaucoup de spectateurs.

Certains programmes permettent de diffuser de la musique, comme Alcaline, une pastille quotidienne, ou Prodiges, une émission qui met en avant les talents des Français, valorisant ainsi la pratique artistique, et notamment musicale. Certains événements ont remporté beaucoup de succès, comme Les Victoires de la musique classique, qu’il n’était pas forcément évident de programmer en prime time, à une heure de grande écoute, et dont l’audience a atteint pratiquement celle des Victoires de la musique. Cette émission a permis de mettre en avant de jeunes talents et de montrer comment la scène musicale classique se renouvelait. Un public qui n’en a pas nécessairement l’habitude a ainsi pu apprécier des esthétiques qui lui étaient étrangères.

Je suis d’accord avec vous, c’est bien l’audiovisuel public qui doit promouvoir l’émergence des talents et des esthétiques exigeantes. Je veillerai à ce que, dans le prochain contrat d’objectifs et de moyens, une place importante soit réservée à la musique et aux autres arts du spectacle vivant, mais pas en toute fin de soirée, à des heures où plus personne ne se trouve devant son poste. C’est une préoccupation que je partage avec vous et que je relaierai.