16/11/12 Myspace, la star déchue tente un comeback musical

Depuis son lancement en août 2003, le réseau social Myspace (mais si, souvenez-vous, celui que vous utilisiez tous ou presque avant les arrivées de Facebook et Twitter, celui où le gentil fondateur « Tom » saluait tous les nouveaux arrivants, ça y est, vous le remettez?) a fait bien du chemin. Etat de grâce, chute et aujourd’hui comeback, Myspace a tout de la star déchue, et c’est la musique qui pourrait bien la sauver

Hier, trois des nouveaux propriétaires de Myspace, Tim Vanderhook, Chris Vanderhook et Justin Timberlake présentaient à la presse la nouvelle version du site. Largement articulé autour de la musique, mais revu et corrigé pour tenir tête à Facebook, Twitter ou Pinterest, dont ils se sont manifestement largement inspirés, ce réseau réinventé pourrait donner du fil à retordre aux successeurs qui le croyaient mort et enterré. On peut le découvrir grâce à une vidéo, le nouveau Myspace n’a plus rien à voir avec l’ancien, d’ailleurs inutile d’aller chercher votre mot de passe oublié il y a belle lurette, on recommence tout à zéro.

Design démentiel

D’abord, on remarque le design, épuré à l’extrême (pour l’instant, aucune publicité n’est visible, ce qui évite l’encombrement constaté sur Facebook). Une barre de navigation en bas de l’écran, où figure un deck « playlists », un simple encart pour accéder au profil, c’est tout. On peut importer ses contacts de Facebook, se décrire en 140 caractères (coucou Twitter), et les photographies et vidéos sont présentées dans de grands cadres – impossible de ne pas y voir une ressemblance avec Pinterest – qui contiennent chacun des boutons de partage. Originalité notable : le défilement se fait à l’horizontale, contrairement aux trois réseaux cités ci-dessus !

Pour ce qui est du contenu, on note l’apparition des « mixes », qui lient photos et playlist musicale, pour recréer, par exemple, l’ambiance d’une soirée. Les contacts peuvent être sélectionnés par pourcentage d’affinités; calculé sur les points communs en termes d’activité, de connections et de musique. En fait, et l’on s’en rend compte au fur et à mesure que la vidéo se déroule, la musique est partout sur ce nouveau Myspace. Par exemple dans l’onglet « Discover » situé dans la barre de navigation en bas, il est proposé de partir à la découverte de sujets chauds, et ici aussi, on pense à Twitter et ses Trending Topics, où de nouvelles personnes, mais aussi et surtout de chansons (53 000 seraient pour commencer accessibles par « nouveautés » « plus écoutées » ou par genre), de mixes, de radio, de « ce qui est joué à l’instant » et d’évènements.

Les artistes d’abord

Sur les profils dédiés aux artistes, on trouve, en plus des activités les plus récentes, des « mixes » et des connections un onglet « boutique » et un autre pour les évènements. Le gros bonus arrive ensuite, sous le titre de « Music Catalog ». Ici se trouvent une vue d’ensemble, un détail des chansons et un des albums, les clips et les concerts à venir. Pour les musiciens (ou leurs représentants), le nouveau Myspace a pensé à tout, puisqu’il propose une cartographie interactive et léchée des fans dont on peut connaître le nombre, l’âge, la localisation mais aussi l’influence, mesurée en fonction du nombre de personnes attirées sur le profil par cet « influent ».

Avec ce nouveau site, il est clair que Myspace veut se donner les moyens de revenir dans la cour des grands en mettant en avant le contenu, et notamment la musique. A l’heure où l’accord entre Facebook et Spotify semble très bien fonctionner, la nouvelle version pourrait inquiéter le géant au milliard d’utilisateurs grâce à ses fonctionnalités inédites. Tandis que Facebook fait payer les « fanpages » pour qu’elles puissent accéder à leur audience totale, Myspace pourrait devenir le chouchou des promoteurs de musique, des artistes et des sonophiles de tous poils.

Myspace revient de loin

Pourtant, cette star montante que l’on peut pressentir revient de loin. Adulé à ses débuts, Myspace est racheté par Rupert Murdoch en juillet 2005, l’année de tous les records, puisque certaines statistiques le placent alors comme 4ème site mondiale en termes de fréquentation.

Et là, c’est le drame. Un rouquin du nom de Mark Zuckerberg déboule sur la toile avec son Facebook, beaucoup plus centré autour des photos et du partage entre amis, notamment avec ses « like » qui introduisent la recommandation sociale. L’impact mettra quelques temps à se faire sentir, le temps que Facebook s’installe dans les habitudes des habitants de la planète. Jusqu’en 2008, Myspace se maintient et en avril le réseau compte même 230 182 000 de visiteurs par mois. Puis c’est la dégringolade. Myspace s’écroule, perd quasiment toute sa valeur, et courant 2011, Murdoch admet chercher un repreneur. Sans succès, jusqu’au rachat par Specific Media (aux mains, entre autres, du chanteur et comédien Justin Timberlake) pour 35 millions de dollars, soit 16 fois moins que le prix auquel l’avait acheté le magnat des médias six ans plus tôt…