L’extension de la durée des droits

titredossiers2006
Pour l’allongement de la durée de protection des droits voisins, du droit d’auteur des artistes et des producteurs de phonogrammes

 I – ASPECTS JURIDIQUES
La première explication à présenter doit bien évidemment concerner les aspects juridiques de la problématique de la durée des droits voisins des artistes et des producteurs.

Il faut en effet exposer les éléments suivants :

3puces les règles applicables en France et la durée de protection qui en découle,

3puces les différences avec la durée de protection des droits des auteurs, des éditeurs et des producteurs audiovisuels,

3puces les fondements de cette durée, à savoir les traités internationaux de 1996 en tant que  » durée minimum  » et la directive européenne en tant que  » durée obligatoire « ,

flechesnep1 la possibilité à l’expiration de cette durée d’utiliser quelques arguments juridiques pour tenter de se protéger contre certains agissements (notamment sur le fondement de la concurrence déloyale) mais sans grande portée,

3puces  l’existence d’une durée de protection de 95 voire 120 ans pour les phonogrammes aux Etats-Unis et d’une durée de protection située entre 50 ans et la durée américaine dans un certain nombre d’autres pays,

3puces  le caractère  » référentiel  » de la protection aux Etats-Unis compte tenu de l’importance économique de ce pays et de la concurrence internationale.


CONSEQUENCES

3puces  Du point de vue de l’équité : les artistes et producteurs bénéficient d’une durée de protection de leurs droits environ deux à trois fois plus courte que celle reconnue aux droits des auteurs et éditeurs, et des producteurs audiovisuels, alors que :

la prestation de l’artiste et  » l’enregistrement original  » sont fréquemment les facteurs les plus forts d’attractivité vis-à-vis du public ;

l’allongement de la durée de vie fait qu’un artiste pourra ne plus percevoir de droits de son vivant (ex : Arletty) et ses héritiers seront désavantagés par rapport à ceux de ses paroliers ou compositeurs.

3puces  D’un point de vue économique : la durée d’exploitation des enregistrements du fonds de catalogue s’est allongée, en parallèle à l’accroissement des investissements pour cette exploitation, ainsi que du seuil de rentabilité des nouveautés.

L’expiration de la durée de protection :

ôte au producteur l’exclusivité qui lui permet de justifier son action pour la promotion et l’exploitation des phonogrammes (et des œuvres) concernés ; cette réalité est plus particulièrement importante dans le contexte du transfert des phonogrammes sur de nouveaux supports et du développement de nouveaux modes d’exploitation (bases de données en ligne notamment) qui sont de nature à amener d’importantes améliorations pour la qualité de restitution et l’exploitation du fonds de catalogue mais ne pourront intervenir qu’à l’aide d’importants investissements de la part des producteurs;

supprime une importante source de rentabilité, particulièrement utile pour l’investissement dans les nouveautés.

3puces  D’un point de vue international : la distorsion entre la durée de protection aux Etats-Unis et celle applicable en France va accroître le déséquilibre économique entre ces deux marchés :pour ce qui concerne les supports : compte tenu du fait que peu de phonogrammes non anglophones sont exploités aux Etats-Unis (et bénéficient de la protection sur ce marché), l’impact le plus fort de l’expiration de la durée de protection en Europe portera sur les phonogrammes non anglophones ;

pour ce qui concerne les exploitations en ligne : les plates-formes américaines seront favorisées par rapport aux plates-formes européennes.

II – ASPECTS ECONOMIQUES
En 2004, 1237 enregistrements tombent dans le domaine public.

Sur les vingt années à venir, ce nombre ne fera qu’augmenter : le nombre annuel d’enregistrements tombant dans le domaine public aura doublé à l’horizon 2016, il aura presque quadruplé à l’horizon 2023.

Au total, sur les vingt années à venir, ce sont 47 000 enregistrements qui vont tomber dans le domaine public.

domainepublic06
3puces  LES REPERTOIRES

La structure par répertoire des enregistrements tombant dans le domaine public en 2004 montre une prédominance de la part du classique et du jazz au regard de leur part de marché actuelle : 44.5 % pour la variété, 32.8 % pour le classique et 21.1 % pour le jazz.On assistera, dans les années à venir, à une lente mais constante progression de la part du répertoire variétés au sein des enregistrements annuels tombant dans le domaine public.
Celle-ci passera en effet de 44.5 % en 2004 à 67.5 % en 2023 alors que, dans le même temps, la part du classique passera de 32.8 % à 25.8 %.

L’évolution de la part du répertoire jazz sera encore plus significative : 21.1 % du nombre d’enregistrements tombant dans le domaine public en 2004, 9 % en 2011 et 2.8 % en 2023.

repertoires
repertoires2011
repertoires2023
Il convient donc de souligner que :dans les dix années qui viennent (2004 – 2013), ce sont tous les enregistrements de jazz produits dans les années 50 et au début des années 60 qui tomberont dans le domaine public. Il s’agit donc d’une part significative du patrimoine musical.

dans les dix années qui viennent (2004 – 2013), ce sont tous les enregistrements de jazz produits dans les années 50 et au début des années 60 qui tomberont dans le domaine public. Il s’agit donc d’une part significative du patrimoine musical.

au delà de 2023, après avoir été multiplié par près de 4 entre 2004 et 2023, le nombre d enregistrements tombant dans le domaine public devrait exploser. En effet, l’après 2023 suivra la courbe de la très forte progression de la production phonographique du début des années 70.
L’évolution du marché du disque au cours de la décennie 70 – 80 en est un bon indicateur : le nombre d’unités vendues entre 1970 et 1980 a plus que doublé : 66 millions d’unités vendues en 1970, 100 millions en 1075 et 137 millions en 1980.

3puces LES ARTISTESEn 2004, les 1237 enregistrements tombant dans le domaine public concernent 95 artistes différents.

Sur les vingt prochaines années, les 47 000 enregistrements tombant dans le domaine public concerneront 2 589 artistes différents.

Dix de ces 2 589 artistes totalisent à eux seuls 8.3 % du nombre d’enregistrements tombant dans le domaine public au cours de ces vingt prochaines années.

domainepublic061
Notons que Johnny HALLYDAY, qui totalise le plus grand nombre d’enregistrements tombant dans le domaine public au cours des vingt prochaines années, commence à perdre ses premiers droits en 2011 (16 œuvres).3puces Au sein du répertoire variétés, le nombre d’enregistrements tombant dans le domaine public s’accélère très fortement à partir de 2007, avec les premières  » fins de droits  » de :

artistes_1
Au sein du répertoire classique plus de 80 % des enregistrements du répertoire classique tombant dans le domaine public en 2004 sont concentrées sur dix interprètes principaux :
classique2004
Dans cinq ans, en 2009, cette concentration des dix artistes classique totalisant le plus grand nombre d’enregistrements tombant dans le domaine public ne représentera plus que 44 % des enregistrements  » en fin de droits  » du répertoire classique.
3puces Au sein du répertoire jazz :Dizzy GILLESPIE est l’artiste jazz qui totalise le plus grand nombre d’enregistrements qui tombent dans le domaine public en 2004 (60 enregistrements soit 23 % des enregistrements du jazz).
Viennent ensuite Clifford BROWN (22 enregistrements en 2004), Django REINHARDT (22 enregistrements également) et Sidney BECHET (21 enregistrements en 2004).

Ces quatre artistes totalisent donc près de la moitié des enregistrements du répertoire jazz du domaine public en 2004.

Ces tableaux traduisent l’enjeu de la prorogation de la durée des droits.

En effet, un grand nombre de ces artistes sont encore vivants et la plupart d’entre eux sont encore actifs dans le domaine de la chanson, que ce soit par le biais d’enregistrements de nouvelles œuvres ou par le biais du spectacle vivant.

3puces Pourquoi ces artistes ne pourraient-ils plus toucher des royalties sur les ventes de leurs enregistrements alors que les auteurs et compositeurs de ces mêmes œuvres continueront encore pendant vingt ans de percevoir des droits ?

3puces Pourquoi les producteurs de ces artistes ne pourraient-ils plus faire valoir leur droit exclusif leur permettant d’exploiter cette part de catalogue qualifiée de patrimoine ?

3puces Pourquoi les producteurs ne pourraient-ils plus percevoir les droits afférents à ces enregistrements et notamment la rémunération équitable et la rémunération pour copie privée sonore et copie privée audiovisuelle ?

Les certifications 2006

titredossiers2006

LES CERTIFICATIONS DE L’ANNÉE 2006

En juin 2006, le SNEP a modifié les seuils des certifications ALBUMS afin de mieux tenir compte des récentes évolutions du marché

Les nouveaux seuils sont les suivants :

flechesnep1 Le nombre de singles certifiés chute (- 30%).

En 2006, le SNEP a certifié 37 singles contre 53 en 2005, 42 en 2004, 67 en 2003, 83 en 2002, et 91 en 2001. Parmi ces 37 singles, 27 appartiennent au répertoire francophone (73 %) et 11 sont des singles de nouveaux talents.

certifications206

Cette année, plus des trois quarts des certifications singles sont francophones et 30 % d’entre eux sont des nouveaux talents.

La répartition de ces 37 singles certifiés entre les différents seuils est la suivante :

certifications306

 flechesnep1 Le nombre d’albums certifiés progresse de 11 % après deux années consécutives de baisse (-16 % en 2004 et -17% en 2003).

En 2006, le SNEP a certifié 191 albums contre 172 en 2005, 157 albums en 2004, 188 en 2003, et 202 en 2002. Parmi ces 190 albums, 115 sont francophones dont 28 nouveaux talents.

Le répertoire francophone représente donc 61% des distinctions albums.
Le nombre des nouveaux talents reste stable avec 28 distinctions (contre 29 en 2005, 25 en 2004, 26 en 2003 et 32 en 2002).

certifications406

En 2006, les 10 meilleures ventes d’albums sont toutes francophones (contre 8 en 2005).
DIAM’S, Laurent VOULZY, Les Enfoirés, BENABAR, Olivia RUIZ, RAPHAEL, RENAUD, Patrick BRUEL, Yannick NOAH et Grand Corps Malade.

Par ailleurs, 21 artistes ont reçu cette année une première distinction : Aldebert, Bébé Lilly, Camille Bazbaz, les Ogres de Barback, Lily Allen, L’Eskadrille, Mimie Mathy et Shy’m (argent), Emmanuel Moire, Grand Corps Malade, Jean-Pierre Danel, Juliette, Louis Bertignac, Matmatah, Miss Dominique, Myriam Abel, Najoua Belyzel, Natalie Dessay, Philippe Katerine, Joe Starr (or), Anais (platine) et Olivia Ruiz (double platine).

certifications306 (1)

Cette année, 6 albums ont dépassé les 750 000 ventes (diamant et plus) depuis leur sortie. Quatre d’entre eux sont francophones : Benabar, Johnny Hallyday, Le Roi Soleil et Raphaël.

certifications506

flechesnep1 Le nombre de vidéomusiques certifiées chute de 21 %.

81 vidéomusiques ont été certifiées en 2006 contre 102 en 2005, 74 en 2004. Cette baisse s’est essentiellement réalisée sur les certifications PLATINE (21 distinctions contre 41 en 2005) et TRIPLE PLATINE (4 distinctions contre 11 en 2005).

Cette année, 6 vidéomusiques ont été certifiées DIAMANT (+ de 100 000 exemplaires vendus) : Calogero, Johnny Hallyday, M, Mylène Farmer, Noir Désir et Pink Floyd.

ANNEES

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

Nombre de certifications de vidéomusiques

11 43 36 73 74 102 81

La liste des talents confirmés est disponible sur le site du CSA : csa.fr

Les certifications décernées par le SNEP en 2006

 

 

Les priorités des producteurs phonographiques

 

Assurer un environnement favorable au développement du marché numérique de la musique: application de la loi Dadvsi, actions de sensibilisation, implantation du nouvel outil Easyrights

Mettre en place le crédit d’impôt en faveur des entreprises phonographiques et optimiser la sécurité économique des entreprises.

Conclure la convention collective de l’édition phonographique.

Définir la plate forme de propositions en faveur de la production musicale pour les élections de 2007 : droits, médias, nouvelles technologies…

Assurer un environnement favorable au développement du marché numérique de la musique

titredossiers2006

Le projet de loi sur le droit d’auteur et les droits voisins dans la société de l’information
flechesnep1  LE SUJET

Les droits des artistes (auteurs, compositeurs, interprètes…) et les conditions d’accès du public aux œuvres dans l’univers des réseaux numériques : les possibilités d’échanger des fichiers ouvertes par Internet, et la nécessité d’inscrire ces téléchargements dans un cadre légal alors qu’ils se sont développés ces dernières années hors de toute autorisation et toute rémunération des artistes, et à leur détriment.

flechesnep1 QUE DIT LE PROJET DE LOI ?

1 – Il ajoute à la loi deux exceptions aux droits des auteurs, des artistes et des producteurs :

3puces  une exception en faveur des handicapés
3puces  une exception en faveur des copies transitoires et accessoires sur les réseaux numériques

Le champ de l’exception pour copie privée est maintenu.

2 – Il donne un cadre juridique à la protection des œuvres dans l’univers numérique :

Comment ? Par l’utilisation de mesures techniques adéquates dites « DRM » (Digital Right Management) permettant d’exploiter les œuvres (paiements, répartition des droits) et de lutter contre les usages non autorisés (copies illicites, mise en circulation vers des tiers…).

3 – De surcroît, la loi permet de garantir l’usage de la copie privée :

Les « DRM » ne peuvent remettre en cause l’exception pour copie réalisée à titre privé pour son usage personnel. Le projet de loi prévoit ainsi la mise en place d’un collège de médiateurs, qui peut être saisi par les consommateurs et/ou les associations les représentants, pour apprécier les différends en relation avec la copie privée et les systèmes de protection technique des droits. Cette procédure a le grand mérite de centraliser le traitement de ces questions auprès d’experts, dont la mission sera de se plonger dans une matière mêlant droit et technologie.

Sur ce point, le projet de loi est un juste compromis car il utilise une possibilité d’intervention publique concernant la copie privée qui n’est que facultative dans la directive et n’a pas été transposée dans les grands pays européens, comme l’Allemagne, l’Italie ou la Grande-Bretagne.

4 – Des mesures d’accompagnement (hors transposition) de ces mesures ont été proposées aux parlementaires :

 3puces La responsabilité des éditeurs de logiciels : un amendement d’origine parlementaire, soutenu par le Rapporteur du projet de loi et le Ministre de la culture, prévoit :
une responsabilité des éditeurs des logiciels qui permettent d’effectuer massivement des échanges illicites d’œuvres protégées afin qu’ils effectuent les diligences nécessaires pour préserver le droit d’auteur à partir de leurs logiciels,
avec pour objectif d’inciter au développement d’un P2P légal permettant d’échanger des oeuvres protégées en payant les droits qui peuvent être dus, tout en n’empêchant pas l’échange libre des autres fichiers. C’est ce que l’on appelle le « peer-to-peer monétisé ».

Lors d’un sondage effectué au dernier trimestre 2005 auprès d’un échantillon de plus de 1.000 personnes représentatif de la population française, 88 % des personnes interrogées se sont montrées favorables à ce que les éditeurs de ces logiciels prennent de telles mesures pour garantir le respect du droit d’auteur.

3puces Un mécanisme de « réponse graduée » a été présenté par le gouvernement afin de disposer d’un éventail d’actions pour lutter contre le téléchargement illégal d’œuvres.

Cet éventail comporte des messages d’avertissement auprès des internautes dont l’abonnement d’accès à l’Internet est utilisé pour des échanges, et des amendes correspondant à la situation de l’abonné.

  flechesnep1  LE CONTEXTE

LES POSITIONS DES PRODUCTEURS AU SUJET DE CE PROJET DE LOI

1 – La directive doit être transposée fidèlement.
Pour l’essentiel, le projet de loi soumis au Parlement transpose fidèlement la directive européenne sur le droit d’auteur et les droits voisins dans la société de l’information, déjà transposée dans la plupart des pays européens. Contrairement à ce qui a été affirmé, il a fait l’objet d’une large consultation, à plusieurs reprises dans le cadre du Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique et d’autres enceintes.

2 – Il ne faut pas transposer plus d’exceptions au droit de reproduction que celles prévues au projet de loi .

Le but est d’améliorer la protection des ayants-droit, il ne faut pas l’oublier. L’exception pour les copies techniques est obligatoire, celle en faveur des handicapés est légitime mais il serait inacceptable qu’il y en ait d’autres. La liste d’exceptions facultatives dressée dans la directive ne visait nullement à favoriser leur adoption. Bien au contraire, la démarche de l’Union européenne a été de « fermer » les possibilités de créer de nouvelles exceptions, ce qui a conduit à une liste quasi-exhaustive pour permettre aux Etats membres de conserver les exceptions qui existaient déjà dans leur législation en fonction de leur histoire respective.

3 – Il faut soutenir l’apport majeur du projet de loi pour garantir l’utilisation de dispositifs techniques de protection des enregistrements musicaux et audiovisuels et permettant de les identifier en format numérique.

Les producteurs de phonogrammes :

3puces Ne remettent pas en cause l’exception pour copie privée dans l’usage des mesures techniques.

3puces Approuvent la création du collège de médiateurs dont le rôle sera essentiel  en permettant un dialogue là où il n’a pu se construire et, à défaut d’accord, d’intervenir pour régler les litiges subsistant au sujet des mesures techniques et de la copie privée.

3puces Soutiennent l’interopérabilité des lecteurs de fichiers musicaux et vidéos protégés, cette interopérabilité ne devant pas aboutir à supprimer la protection permise par les dispositifs de protection. Compte tenu de l’existence du marché unique européen, une démarche française au plus haut niveau de l’Union européenne est indispensable pour qu’une politique industrielle active soit mise en oeuvre rapidement pour assurer cette interopérabilité.

4 – Il faut soutenir également les mesures d’accompagnement proposées. 

3puces  l’amendement concernant la responsabilité des logiciels est très important car les éditeurs de logiciels sont les premiers à pouvoir agir pour prévenir la violation systématique des droits d’auteur ; nombre de ces éditeurs profitent des échanges illicites pour développer leur chiffre d’affaires, en rejetant jusqu’à présent toute la responsabilité de la contrefaçon sur les internautes ; ils doivent agir, sur demande du juge ;

3puces le principe d’une « réponse graduée » doit être maintenu , à condition que le dispositif envisagé soit à la fois efficace, juste et adapté aux situations rencontrées ; cela suppose une combinaison d’actions, notamment dans le domaine de la prévention et de l’information, avec des sanctions en cas de persistance des activités illicites ; cela suppose également des moyens financiers et une adaptation avec les situations rencontrées, notamment la simplicité des procédures. L’exonération de responsabilité de téléchargeurs « petits » ou « modérés » ne serait pas acceptable.

5 – Il faut rejeter les mécanismes d’expropriation de type « licence légale » ou « licence globale »

La licence globale sur le « peer-to-peer » par exemple serait à la fois juridiquement illégale et économiquement non viable.

Cela reviendrait à ce que les œuvres et enregistrements protégés deviennent de simples accessoires des « tuyaux », ce qui représenterait une atteinte insupportable à la possibilité de maintenir une production française, dans tous les domaines de la création, et constituerait une mise en cause radicale de la diversité culturelle.

Cette position n’est pas une remise en cause du « peer-to-peer » lui-même mais des dérives dans l’utilisation qui en est faite. Des technologies permettent désormais que le peer-to-peer respecte les droits d’auteur. Elles commencent à être utilisées par des réseaux d’échange et il faut qu’elles se généralisent.

De même, la mise en ligne de flux musicaux en continu (webcasting) qui n’a rien à voir avec la radiodiffusion (qui, elle, est notamment très fortement encadrée par le CSA) ne saurait davantage relever de la licence légale . Pour permette le développement de l’activité des webcasters, les producteurs de phonogrammes ont mis en place des mécanismes de gestion collective des droits par les deux sociétés de gestion collective des droits des producteurs. De premiers contrats ont été signés et les négociations se poursuivent avec les représentants des webcasters.

6 – Les négociations avec les syndicats de musiciens pour parvenir à une convention collective des artistes du secteur doivent se poursuivre.

Toutes les fédérations nationales représentatives des artistes et des producteurs de phonogrammes négocient une convention collective des artistes du secteur de l’édition phonographique, qui est actuellement très avancée.

Sous l’égide du ministère du travail, ils ont renouvelé récemment leur volonté d’aboutir rapidement à cette convention collective, prévoyant en particulier le cadre juridique minimal permettant aux musiciens de recevoir du producteur de phonogrammes des rémunérations fonction de l’exploitation de la musique contenant leur prestation, notamment sur l’Internet.

CONCLUSION

Le projet de loi, sous réserve des évolutions en cours qui appellent notre vigilance et qui ne doivent pas le dénaturer, repose sur une philosophie générale de protection des œuvres, de respect de la copie privée et de responsabilité des différents intervenants, constitue un cadre propice au développement d’un marché légal de la musique numérique.

   Au niveau français : l’adaptation de la loi de 1957 (sur les droits des auteurs et des compositeurs) et de la loi de 1985 (sur les droits voisins, ceux des artistes interprètes et des producteurs).
  Au niveau international, (traités OMPI) et au moins européen : développer une approche commune, particulièrement importante s’agissant de réseaux interconnectés.

Le projet de loi en discussion vise à assurer cette adaptation, conformément aux dispositions de la Directive arrêtées en commun par les Etats européens et que 23 sur 25 ont déjà intégrées à leur droit interne. La France, du fait de son retard, a été condamnée par les instances européennes, ce qui a conduit le gouvernement à utiliser la procédure d’urgence parlementaire.

Ce texte est d’abord le reflet du compromis intervenu pour la directive, compromis qui consiste à trouver un équilibre entre l’adoption de mesures de protection et le bénéfice de l’exception pour copie privée.

L’ABERRATION DE LA LICENCE GLOBALE
QU’EST-CE QUE LA LICENCE GLOBALE ?

Le système proposé consiste à ouvrir à l’internaute un droit illimité à télécharger et à faire circuler toutes sortes d’œuvres musicales, cinématographiques, littéraires, graphiques, moyennant un supplément très modique (estimé par ceux qui le proposent entre 2 et 6,90 euros) à sa facture d’abonnement à Internet.

Ce système est optionnel pour l’internaute qui choisit ou non l’option « licence globale » et donc son paiement. Son fournisseur d’accès est chargé de percevoir cette redevance et de la reverser à une société de gestion collective qui la reverse aux sociétés de gestion collective existantes avant qu’elle ne soit enfin reversée aux ayants droit de la musique, du cinéma, des arts graphiques et littéraires etc …
La licence globale nie le droit moral des créateurs, qui ne peuvent plus contrôler ni la qualité, ni le format, ni la circulation de leurs œuvres.
pxmoyens

Au final, la licence globale n’a rien de commun avec le modèle de la licence légale utilisé en radio , et dont elle prétend s’inspirer. Voici quelques unes des différences : un nombre d’intervenants très identifiés et implantés en France d’une part (quelques centaines de radios) et des éditeurs de logiciels d’échange la plupart délocalisés, de l’autre ; un pourcentage sur les recettes des diffuseurs négocié avec ceux-ci en fonction de la réalité des usages, d’une part, et un forfait prélevé sur le coût de l’infrastructure d’accès sans aucun rapport avec la valeur des oeuvres, de l’autre ; un média qui participe à la promotion des œuvres dans un cadre très régulé par le droit français (sous l’égide du CSA), d’une part, et des téléchargements illimités qui se substituent très largement aux achats de supports physiques, de l’autre.

flechesnep1  POURQUOI LA LICENCE GLOBALE MENACE-T-ELLE LA CREATION ?
1 – Un système non viable économiquement

La rémunération susceptible d’être générée par la licence globale est sans commune mesure avec le niveau d’activité des secteurs qu’elle menace.

En considérant que le niveau de la contribution mensuelle se situe à 7€ (fourchette haute par rapport aux propositions entendues) et qu’elle est obligatoire, donc payée par l’ensemble des internautes, le produit est près de deux fois inférieur au revenu des entrées en salle, plus de trois fois inférieure à celui de l’édition phonographique et à celui de l’édition vidéo, ou encore cinq fois moindre que celui de la télévision payante…
licenceglobal

La licence globale revient à déconnecter la rémunération perçue (qui ne dépend plus que de l’évolution du nombre des internautes) du niveau d’investissement réalisé sur la création, et de la satisfaction que le public a pu en tirer. Un tel système aboutirait à une économie administrée, se limitant à répartir la pénurie, tuera dans l’oeuf la prise de risque et la création.

3puces  Comme certains de ses portes paroles l’ont reconnu lors des débats de l’Assemblée Nationale, la volonté de mettre en place la licence globale provient d’abord d’un renoncement à lutter contre la piraterie, alors que l’offre légale se développe et que les technologies permettent d’envisager un peer-to-peer légal.

Alors que le système de licence globale figerait la situation actuelle et maintiendrait les industries culturelles françaises sur une pente décroissante, une alternative existe et a commencé à porter ses fruits en dehors de France :

puceorange  cadre légal qui encourage la mise en place d’offres larges attractives, pénalise la distribution de logiciels exclusivement destinés au peer to peer pirate et combine en direction des internautes pédagogie (messages électroniques d’avertissement) et dispositifs plus efficaces de sanction de ceux qui se placent délibérément et durablement en infraction. Cette approche combinée devrait être fortement développée mi février, lors du prochain Conseil Européen, par le Commissaire européen Viviane Reding ;

puceorange  mise en place de nouveaux services bâtis sur des modèles innovants (vente en ligne, P2P monétisé….) qui eux, maintiennent une rémunération juste et directe du créateur par son public. Les résultats encourageants enregistrés l’an dernier aux Etats-Unis confirment que le rebond est possible, sans renoncement aux valeurs qui fondent les relations avec les artistes.

2 – Un mécanisme irréaliste
3puces   Il serait impossible de répartir ce prélèvement forfaitaire entre les ayants droit compte tenu des milliards de fichiers (musiques, films, logiciels, jeux vidéos, livres, photos, …) qui seraient échangés sans limite sur les réseaux du monde entier. Comment va-t-on distinguer les fichiers échangés ?

3puces S’il est optionnel, le système de licence globale pose la question du contrôle des déclarations faites par les internautes – comment vérifier qu’un internaute ayant choisi de ne pas régler son abonnement « licence globale » ne téléchargera pas ? – et s’il est obligatoire, l’objection de bon sens – comment justifier de faire contribuer un internaute qui ne télécharge pas ? – se double d’une forte incertitude sur son caractère constitutionnel.


flechesnep1  CONCLUSION

Ces amendements, qui assimilent le téléchargement d’une œuvre depuis internet à de la copie privée, autorisent l’« industrialisation » de la copie privée et la mondialisation du pillage légal en décourageant l’investissement dans la production, en détruisant la rémunération directe des acteurs de la filière pour leur travail, et réduisant, à terme la diversité de la production à peau de chagrin. Enfin, ils ne profiteraient qu’à ceux qui n’investissent pas dans la création : les sites de P2P qui s’enrichissent, via la publicité, de l’échange des œuvres, et les fournisseurs d’accès à internet.
LES FRANÇAIS FAVORABLES A LA RESPONSABILITE DES EDITEURS DE LOGICIELS « P2P »
Le SNEP a demandé à la société IFOP de réaliser une enquête sur la perception par le public de la responsabilité des sociétés éditrices de logiciels gratuits de téléchargement de fichiers musicaux ou de films sur internet.
Les personnes sondées ont ensuite été interrogées sur la nécessité de prendre des mesures garantissant le respect du droit d’auteur.

Ainsi, deux questions ont été posées à un échantillon de 1004 individus âgés de 15 ans et plus et structuré selon la méthode des quotas. Cette enquête a été réalisée les 24 et 25 novembre 2005.

3puces  Vous personnellement pensez-vous que les sociétés qui éditent des logiciels qui permettent aux Internautes de télécharger en ligne de la musique et des films de façon gratuite en violation des droits d’auteur devraient être considérées comme responsables de ces violations ?

3puces  Dans ce cadre, estimez-vous qu’il serait normal que ces sociétés éditrices de logiciels de téléchargement soient obligées de prendre des mesures afin de garantir que leurs logiciels permettent de respecter les droits d’auteur ?

flechesnep1  LES RESULTATS
3puces  Les deux tiers des personnes interrogées pensent que les sociétés qui éditent des logiciels permettant aux internautes de télécharger en ligne de la musique et des films de façon gratuite en violation des droits d’auteur, devraient être considérées comme responsables de ces violations.

 
Nombre de personnes interrogées 1004 personnes
Nombre de personnes jugeant les sociétés éditrices de logiciels de téléchargement responsables 663 personnes 66%
 dont 627 personnes en faveur de mesures de protection 95%
Nombre de personnes jugeant les sociétés éditrices de logiciels de téléchargement non responsables 309 personnes 31%
 dont 231 personnes en faveur de mesures de protection 75%

Ces personnes sont majoritairement jeunes : 56% d’entre elles sont âgées de 15 à 34 ans dont 29% entre 15 et 24 ans et 27% entre 25 et 34 ans.

A 57% les 15/24 ans et à 66% les 25/34 ans approuvent ce principe de responsabilité des éditeurs de logiciels.

3puces 88% des personnes interrogées pensent qu’il serait normal que ces sociétés éditrices de logiciels de téléchargement soient obligées de prendre des mesures afin de garantir que leurs logiciels permettent de respecter les droits d’auteur.
Nombre de personnes interrogées 1004 personnes
 En faveur de mesures de protection: 884 personnes 88%
 dont 627 personnes jugeant les sociétés éditrices de logiciels de téléchargement responsables 71%
 dont 231 personnes jugeant les sociétés éditrices de logiciels de téléchargement non responsables 26%
 dont 25 personnes ne se sont pas prononcées 3%
60% d’entre elles sont âgées de 15 à 34 ans, soit quasiment le double de leur représentation au sein de la population (33%).
Parmi ces 60% de jeunes, 34% ont entre 15 et 24 ans (pour une représentativité de 16% au sein de la population) et 26% ont entre 25 et 34 ans (pour une représentativité de 17% au sein de la population).

A 88% les 15/24 ans et à 85% les 25/34 ans approuvent une telle obligation de prendre ces mesures techniques.

3puces Au sein des personnes qui se sont exprimées en faveur de l’obligation de mesures garantissant le respect des droits (88% des personnes interrogées) 71% d’entre elles jugent les sociétés éditrices de logiciels de téléchargement gratuit responsables des violations des droits d’auteur et 26% ne les jugent pas responsables.

Si la quasi-totalité (95%) des personnes jugeant responsables les sociétés éditrices de logiciels de téléchargement sont en faveur de mesures de protection, le pourcentage de personnes en faveur de mesures est également fort au sein des personnes ayant répondu négativement à la question sur la responsabilité (75%).

Cela signifie qu’au-delà de la question de la responsabilité de la piraterie l’opinion est très majoritairement en faveur de mesures de protection (et surtout les jeunes).

PROFIL DE L’ECHANTILLON / PROFIL DES PERSONNES AYANT REPONDU OUI AUX QUESTIONS POSEES
enquete

Les offres légales

titredossiers2006
La numérisation croissante des catalogues

(Evaluations comparées au 1er novembre 2004, au 31 janvier 2005, au 30 avril 2005 , au 31 août 2005 et 30 novembre 2005)

Fin novembre 2005, à l’international, les majors compagnies avaient numérisé plus d’un million et demi de titres. Ce chiffre est en progression de 78 % par rapport à novembre 2004.

En France, 910 000 titres des majors disposent d’ores et déjà de l’autorisation des ayant droits pour être digitalement commercialisés, soit 60 % de plus qu’il y a un an. 

3puces Près de 80% d’entre eux (soit 700 000 titres) sont d’ores et déjà numérisés pour être mis à disposition sur les plates formes françaises. Les majors compagnies disposent donc d’une « réserve » de 800 000 titres disponibles. Il s’agit des répertoires spécialisés des autres territoires (folklore local, country américaine, etc.).

En l’espace d’une année, le nombre de titres « clearés » pour la France a progressé de 60% (passant de 574 à 910 000 titres) et , parmi ceux-ci , le nombre de titres disponibles en digital augmentent de 88 % (passant de 373 à 702 000 titres).

3puces Parmi les 702 000 titres numérisés disponibles des majors, 52% d’entre eux appartiennent au répertoire international (+126 000 titres et + 53 % en un an) contre 20 % pour le répertoire francophone (+66 000 titres et +89% en un an) et 28 % pour les répertoires classique et jazz (+ 136 000 titres et un coefficient multiplicateur de 2,2 en un an).

3puces 93 % des titres des majors disponilbles en digital sont d’ores et déjà disponibles sur les plates formes de téléchargement légal contre 82 % il y a un an. Au 1er novembre 2004, les majors compagnies avaient mis plus de 308 000 titres à la disposition des sites de téléchargement. Fin janvier, on dénombrait 436 000 titres, 500 000 titres fin avril , 621 000 titres fin août 2005 et 652 000.titres fin novembre 2005.

3puces  Le nombre de titres mis à la disposition des plates formes a donc plus que doublé en un an.

3puces  Les nouveautés, et notamment les meilleures ventes des périodes considérées sont fortement présentes sur les sites de téléchargement légaux.
95 % des singles classés sont également disponibles en téléchargement,
95 % des albums classés sont également disponibles en téléchargement.

En outre, 93 % des 60 titres les plus diffusés en radio sont également disponibles en téléchargement.

Ces chiffres émanent des sociétés Emi Music France, Sony Bmg Entertainment, Universal Music France, Warner Music France. Pour sa part, l’Observatoire de la Musique indique qu’au 31 décembre 2005 les labels indépendants avaient mis 110 000 titres à la disposition des plateformes.


TABLEAUX DE BORD SUR LA DISPONIBILITE DES TITRES DES MAJORS COMPAGNIES A LA VENTE EN TELECHARGEMENT LEGAL
cataloguenumerise

Lien : IFPI/RAPPORT 2006 SUR LA MUSIQUE EN LIGNE DANS LE MONDE/CHIFFRES CLES